La vie de Radegonde

 Au milieu du Ve siècle, le royaume franc était troublé. Le roi de Neustrie, Childéric Ier, dut fuir en Thuringe. Il fut accueilli par le roi Basin et la reine Basine de Saxe son épouse. Quand les troubles en Neustrie furent apaisés, il y revint. Entre-temps, Childéric avait séduit la fille de ses hôtes Basine de Thuringe.

À la mort de Basin, le royaume de Thuringe fut partagé entre ses trois fils : Bodevie, Hermanfried et Berthaire. Il s'ensuivit une guerre fratricide. La princesse Basine de Thuringe se réfugia alors en Neustrie auprès de Childéric Ier. Ils s'épousèrent en 463 et de leur union naquit en 466, un fils, le futur Clovis Ier. Le frère de Basine, Berthaire, eut deux enfants, dont Radegonde en 519, qui est donc la nièce de Clovis.

Berthaire fut assassiné par ses deux frères. Bodevie fut ensuite aussi victime d'une coalition entre le roi de Metz, Thierry Ier, et son autre frère Hermanfried. Radegonde fut emmenée à l'âge de trois ans à la cour de Hermandfried. Mais Thierry Ier, exigeant une partie du royaume de Thuringe en échange de son soutien, forma une alliance avec Clotaire Ier, roi de Neustrie. Ils vainquirent l'armée thuringeoise. Radegonde devint à cinq ans la prisonnière de Clotaire Ier.

Elle fut emmenée en France, à Saint-Quentin, puis à Athies dans le Vermandois. L'épouse de Clotaire, Ingonde, donna à Radegonde une éducation très religieuse. Ingonde mourut en 538. Clotaire voulut alors épouser Radegonde à Vitry-en-Artois. Celle-ci tenta d'abord de s'enfuir dans les alentours de Péronne. Rattrapée, elle dut se résoudre à la cérémonie, présidée par l'évêque Saint Médard, à Soissons.

Radegonde, cinquième épouse de Clotaire, se détacha de plus en plus des préoccupations mondaines pour mener une vie pieuse et charitable auprès des pauvres. Après que Clotaire eut massacré Hermanfried, son frère, elle fut de plus en plus attirée par une vie de prières, alors que Clotaire la voulait toujours comme épouse et comme reine.

Consacrée diaconesse par saint Médard, elle fit d'abord un pèlerinage à Tours sur le tombeau de Saint Martin. Elle alla ensuite demander conseil à saint Jean de Chinon qui vivait dans un ermitage troglodyte lequel existe toujours au-dessus de la ville. Elle se rendit ensuite sur la terre de Saix, Vienne, que Clotaire lui avait donnée et y fonda un oratoire et un hospice où elle s'occupait elle-même des malades : c'était un des premiers hospices organisés en France. Mais Clotaire, qui avait d'abord accepté la vocation de la reine, changea d'avis : il envoya une troupe à Saix pour la ramener à la cour. Lorsque les soldats s'annoncèrent en vue de Saix, Radegonde s'enfuit vers le Sud à travers un champ d'avoine que des ouvriers étaient en train de semer. C'est alors que se produisit le miracle des avoines, la sainte reine fit instantanément pousser l'avoine pour s'y cacher. Questionnés par les poursuivants, les moissonneurs, purent affirmer qu'ils n'avaient vu personne dans le champ depuis le temps où cette avoine avait été semée. À partir de ce moment, Clotaire lui laissa suivre son chemin vers une vie consacrée à la religion. Elle alla à Poitiers où elle fonda le monastère Notre-Dame (devenu depuis Sainte-Croix). Le 25 octobre 552 (ou 553), elle entra dans le monastère Notre-Dame accompagnée de nombreuses jeunes filles, en présence d'une grande foule. Elle donna à ses compagnes une règle stricte. Avec Agnès, sa sœur spirituelle qu'elle tint à choisir comme future abbesse, et Venance Fortunat, poète italien qui deviendra le biographe de Radegonde, elle alla à Arles pour se renseigner sur la règle de saint Césaire afin de l'adopter. Elle se plaça sous la protection du Saint-Siège, pour être libre du pouvoir épiscopal.

Agnès devint abbesse du monastère. Venance Fortunat devint évêque de Poitiers. D'après une autre biographie, celle de Baudonivie composée vers 600, elle avait une grande vénération pour les reliques. Elle en rassembla un grand nombre qui seraient toujours au monastère Sainte-Croix, dont un fragment de la croix du Christ, qu'elle avait demandé et obtenu auprès de l'empereur Justin II. C'est à l'occasion de l'arrivée à Poitiers de cette insigne relique que saint Venance-Fortunat composa l'hymne Vexilla regis prodeunt. Radegonde aura le reste de sa vie une grande influence sur les grands de son époque, notamment Sigebert Ier, successeur et fils de Clotaire. Elle mourut le 13 août 587, à 68 ans, dans le monastère Notre-Dame. Elle fut enterrée dans l'église abbatiale Sainte-Marie-hors-les-murs (aujourd'hui Sainte-Radegonde) à Poitiers. Pendant les invasions normandes, sa dépouille fut emmenée à l'abbaye Saint-Benoît de Quinçay, puis ramenée à Poitiers en 868.

De nombreux miracles lui sont attribués, ce qui attira de nombreux pèlerins. Elle fut déclarée sainte peu de temps après sa mort.

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